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Raphaël, Jean-François et l'Acchiardo

  • Jules Bergo
  • 29 sept. 2020
  • 4 min de lecture

 
 

Je peux commencer par dire que l'accueil de ces deux jeunes-hommes a été plus que chaleureux ce matin. Je m'approche du restaurant de l'Acchiardo, comme me l'a conseillé Denis de la Boucherie Fulchieri, un peu plus tôt. Raphaël (à droite sur la photo ci-dessus) parle en anglais avec des touristes venus repérer des restaurants sympathiques. Ils sont, je crois, au bon endroit. En effet, la propriétaire de mon appartement m'avait déjà conseillé ce restaurant. Je laisse le gérant de l'établissement renseigner les anglophones et déjà, j'aperçois chez lui le sens de l'accueil et cette volonté de recevoir au mieux. Je suis alors rassuré lorsque je me présente et ma démarche de mise en avant des artisans et commerçants locaux semblent tout de suite séduire Raphaël qui m'offre gentiment un café, me laissant le temps de me munir de mon carnet et d'un stylo.


Raphaël m'explique que l'Acchiardo existe depuis 1927, créé par Joseph et Madalin, ses arrière-grands-parents. Il prend le temps de me raconter l'histoire de ses aïeuls et je sens la passion et le respect immense qui l'animent. Son arrière-grand-mère a été placée en tant que "bonne" lorsqu'elle avait six ans, dans une famille aisée, à une époque que l'on pourrait comparer à celle des Misérables de Victor Hugo. "C'était un temps où les filles se laissaient pousser les cheveux afin de les revendre une fois coupée. Les hommes allaient dans la montagne pour capturer des marmottes auxquelles ils apprenaient des tours dans l'objectif de gagner quelques pièces."

Je m'aperçois que la connaissance de l'arrière-petit-fils de Joseph concernant l'histoire de Nice, de sa famille et de sa région est immense. Joseph était boulanger à la base. Il est décédé très jeune d'une crise cardiaque en portant un sac de cent kilos de farine. De nombreuses photos des aïeuls de Raphaël ornent les murs de l'Acchiardo. Cela me touche de voir ce mur chargé d'histoire et ces personnes d'un autre temps poser un œil sur l'enseigne moderne où les traditions et recettes d'Antan sont toujours mises à l'honneur. Ces photographies me font penser au film d'animation Coco que je vous conseille de regarder si ce n'est déjà fait.

 

Madalin et Joseph, les arrière-grands-parents de Raphaël

 

Le jeune gérant de l'Acchiardo me parle également de ses grands-parents et de ses parents. "Papa a repris le restaurant dans les années 1950", m'indique Raphaël au moment où Jean-François, son grand-frère, pénètre dans le restaurant. Je m'aperçois alors que la gentillesse et le sens de l'accueil ne sont pas singulières à Raphaël mais bel et bien de famille.

J'apprends énormément du quartier et de l'Histoire de Nice lors de mon entretien avec eux, notamment que Nice et la Savoie sont devenues françaises en 1860 et la Sardaigne et le Piémont italiennes en 1861. Raphaël m'explique tout cela avec passion mais je me promets de faire quelques recherches lorsque j'aurai un peu de temps. J'entends les noms de Garibaldi et Napoléon, qui ont alors joué un rôle important dans l'histoire de la région. Je découvre que le mot MAFIA est un acronyme signifiant "Morte Alla Francia Italia Anella", ce qui se traduit par "L'Italie souhaite la mort à tous les français".

 

Grands-parents de Raphaël et Jean-François

 

Père de Raphaël et Jean-François

 

Les frérots me racontent que le Vieux-Nice a bien changé mais qu'ils ne ressentent aucune nostalgie pour l'"ancien temps". Raphaël m'explique :

"On a vu pas mal de choses ici quand on était gamins. Mon père se battait tous les dix jours car le Vieux-Nice était un quartier très populaire. C'était chaud ! Les ruelles étaient parfois des "coupe-gorges" dans lesquelles il n'était pas toujours bon de se promener".

J'apprends que c'est le père de Jean Médecin (avenue bien connue des niçois) qui a participé grandement à la gentrification du Vieux-Nice.

Raphaël m'explique que les habitants du Vieux-Nice (ou Babazouk = porte du marché) considèrent leur quartier comme un village. Quand ils disent "je vais en ville", cela veut dire : "je sors du Vieux-Nice pour aller dans Nice".

"Non, ce n'était pas mieux avant", me répète Raphaël. "Bien sûr, la population locale et notamment les personnes âgées ont fait place à de nombreux Airbnb donc ce n'est plus vraiment comme avant…".

 

Jean-François et Raphaël

 

Les garçons (qui gèrent l'établissement familial avec leur sœur Virginie, absente en ce jour) proposent une carte de spécialités niçoise et une cave bien fournie. Le coup de cœur de Raphaël se porte sur le tournedos Madalin, une pièce de bœuf arrosée d'huile d'olive, d'anchois, d'ail et de persil, exactement comme la préparait Madalin, l'arrière-grand-mère.

L'Acchiardo est ouvert du lundi au vendredi, midi et soir. Il est fermé le week-end ainsi que le mois d'Août et pour Noël.

"C'est notre père qui a souhaité fermer le restaurant le week-end et en Août. Cela nous a permis d'avoir une vie familiale à côté de l'activité du restaurant. Nous avons voulu conservé cela".

Vient alors le moment de prendre les frères en portrait. J'aurais aimé que ce moment de partage dure plus longtemps. Je me rendrai prochainement à l'Acchiardo avec des amis. Il faudra que je pense à réserver car le téléphone sonne très souvent, les places doivent être chères !


J'expliquerai alors avec fierté à mes compagnons de table que les plats qui nous sont servis ont été pensés et créés par cette dame nommée Madalin, bonne de six ans il y a plus de 150 ans et qui a permis à quatre générations de faire évoluer l'actuel et reconnu restaurant Acchiardo.


Adresse : 38, rue Droite, 06300 Nice

Tél : 04 93 85 51 16

 

Raphaël, Jean-François, un grand merci et à très bientôt !

Jules



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